Par Démosthène KALUBI
Le gouvernement rwandais gagne toujours face à la RDC dans tous les rendez-vous diplomatiques liés au conflit dans le Kivu. La dernière occasion ratée est celle du 21 mars dernier où les ministres des Affaires étrangères de deux pays avaient pris rendez-vous à Luanda, en Angola.
En effet, les délégations des chefs de la diplomatie rwandaise et congolaise avaient pris rendez-vous pour préparer éventuellement la rencontre entre les deux chefs d’États Félix Tshisekedi et Paul Kagame dont les contacts sont en froid depuis la résurgence du mouvement terroriste M23.
À cette occasion, selon le document signé par les chefs de la diplomatie, Kinshasa s’est engagée à «présenter un plan de neutralisation des FDLR, groupe rebelle hutu formé à l’origine d’anciens génocidaires rwandais». Tandis que Kigali, de son côté, s’est engagée à «revoir les mesures et le dispositif pris pour assurer sa défense et sa sécurité ».
Alors que l’émissaire de Kagame a méthodiquement suivi la rhétorique de son chef en évitant par un langage diplomatique d’évoquer un retrait des troupes rwandaises du sol congolais, la délégation congolaise par voix du ministre Christophe Lutundula, est tombée dans le piège de Kagame en s’engageant à neutraliser les FDLR, un groupe rebelle chimérique qui a toujours servi d’alibi à Kagame. Une bourde pour laquelle Lutundula doit des explications aux congolais.
Pourtant,l’objectif de la médiation angolaise est en tout cas d’obtenir un cessez-le-feu alors que les combats continuent au Nord-Kivu, et un désengagement de toutes les forces, la délégation congolaise ne pouvait pas tomber dans ce piège.
L’engagement pris par Lutundula à Luanda va à l’encontre des dernières sorties médiatiques de Félix Tshisekedi. Le chef de l’État congolais, même le lundi 25 mars face à Salva Kiir, président sud-soudanais et président en exercice de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), n’a jamais reconnu la présence des génocidaires FDLR dans la partie Est de la RDC.
Lutundula l’a-t-il fait à dessein ? On dirait non. Politiquement, l’ancien collaborateur de Moïse Katumbi, venu d’ailleurs au gouvernement sous le label d’Ensemble pour la République, n’a jamais été cohérent depuis l’Union sacrée de l’opposition radicale (USORAL). L’engagement qu’il a signé à Luanda est une véritable patate chaude qu’il a jetée à Tshisekedi, quitte à ce dernier de camper sur sa position en ramenant Kagame dos au mur.